mardi 30 octobre 2007

Requiem For A Dream

Véritable lobotimisation télévisuelle et pharmaceutique, "Requiem For A Dream" dénonce très clairement les méfaits de la drogue et de la télé sur les corps humains sensibles, voire dépressifs, victimes de choix pour une aliénation à haute dose. Sans pour autant prendre parti contre la drogue et ses conséquences, Aronofsky se contente de nous délivrer un message à travers la vie chaotique d'un adolescent et de son entourage (mère, meilleur ami, fiancée). Adaptation plus que réussie d'un best-seller d'Hubert Selby Jr. (l'un des auteurs les plus controversés aux Etats-Unis), ce film met en exergue ce qu'il y a de plus malsain en nous, tout en noyant le malaise immersif de la mise en scène sous une histoire romantique, à la manière d'un "Romeo and Juliet".
Avec une technique qui lui est propre, le cinéaste tente de recréer l'univers insondable de "Pi", tout en changeant son thème principal. La photographie est délicieusement belle, contrastant parfaitement avec ce qu'elle cherche à montrer: un univers fébrile et malade, en marge de la société. Car les personnages de Selby Jr. sont des marginaux à n'en point douter. Ils s'imposent leur prore lois, leurs propres règles, laissant de côté la vie en société. On le voit très bien à la surprise de Jared Leto vers la fin du film lorsque la société le rattrape à temps (prison, prise en charge de l'hopital,...). Ils se croient abandonnés de leur pays et de Dieu, à l'instar de Travis Bickle dans "Taxi Driver" de Martin Scorsese. Le Requiem, tiré d'une symphonie de Mozart, accompagne chaque crise, chaque dépression, chaque élément nouveau dans la plongée du côma conscient. La composition absolument terrifiante de Clint Mansell est formidable. Cette ambiance noire qui ressort à chaque note donne lieu à des sursauts et des nausées pour le spectateur, plongé tel un junky dans la vision d'un monde qui s'offre pour la première fois à ses yeux, preuve que chacun d'entre nous ferme les yeux sur la réalité de notre société actuelle.


Primant le beau pour mieux faire ressortir le laid, Aronofsky s'engage à nous livrer une photographie sans artifices, avec des couleurs chatoyantes dans la première moitié du film, mais noircissant son tableau lorsque le malaise devient glauque et constant. La caméra ne correspond ni plus, ni moins qu'au regard d'un cinéaste rationnel sur un monde qu'il juge irrationnel. S'enfermant dans une solitude et un individualisme sans faille, les acteurs reprennent une position foetale à la fin du film, synonyme d'enfermement et de protection. L'effet clipesque de la mise en scène ajoute un sentiment subliminal à ses images crues et dénués de toute prise de position, ne servant qu'à relater les faits et méfaits. Aronofsky annonce l'arrivée d'un genre nouveau, sans censure et sans mensonges, et s'installe comme l'un des réalisateurs les plus audacieux du XXI ème siècle.

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